Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/307

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noncer à ton amie ! ton silence ne me dit que trop combien ce nom n’est plus fait pour moi, et cependant, tout en étant indigne de le porter, mon âme déchirée le chérit encore, et ne peut se résoudre à y renoncer. Il est donc vrai, Élise, toi aussi tu as cessé de m’aimer ? La misérable Claire se verra donc mourir dans le cœur de tout ce qui lui fut cher, et exhalera sa vie sans obtenir un regret ni une larme ! Elle qui se voyait naguère heureuse mère, sage épouse, aimée, honorée de tout ce qui l’entourait, n’ayant point une pensée dont elle pût rougir, satisfaite du passé, tranquille sur l’avenir, la voilà maintenant méprisée par son amie, baissant un front humilié devant son époux, n’osant soutenir les regards de personne : la honte la suit, l’environne ; il semble que, comme un cercle redoutable, elle la sépare du reste du monde, et se place entre tous les êtres et elle. Ô tourmens que je ne puis dépeindre ! quand je veux fuir, quand je veux détourner mes regards de moi-même, le remords, comme