Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/309

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pu douter de ta tendresse ! Je t’ai jugée, non sur ce que tu es, mais sur ce que je méritais ; je te trouvais juste dans ta sévérité, comme tu me parais à présent aveugle dans ton indulgence. Non, mon amie, non, celle qui a porté le trouble dans sa maison et la défiance dans l’âme de son époux, ne mérite plus le nom de vertueuse, et tu ne me nomme ainsi que parce que tu me vois dans ton cœur.

Malgré tes conseils, je n’ai point parlé avec confiance à mon mari ; je l’aurais désiré, et plus d’une fois je lui ai donné occasion d’entamer ce sujet ; mais il a toujours paru l’éloigner : sans doute il rougirait de m’entendre ; je dois lui épargner la honte d’un pareil aveu, et je sens que son silence me prescrit de guérir sans me plaindre. Élise, tu peux me croire, le règne de l’amour est passé ; mais le coup qu’il m’a porté a frappé trop violemment sur mon cœur, je n’en guérirai pas. Il est des douleurs que le temps peut user, on se résigne à celles émanées du ciel : on courbe sa tête