Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/310

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sous les décrets éternels, et le reproche s’éteint quand il faut l’adresser à Dieu ; mais ici tout conspire à rendre ma peine plus cuisante : je ne peux en accuser personne ; tous les maux qu’elle cause refoulent vers mon cœur, car c’est là qu’en est la source… Cependant je suis calme, car il n’y a plus d’agitation pour celui qui a tout perdu. Néanmoins je vois avec plaisir que M. d’Albe est content de l’espèce de tranquillité dont il me voit jouir. Il a saisi cet instant pour me parler de la lettre où tu lui apprends la réunion imprévue d’Adèle et de Frédéric ; pourquoi donc m’en faire un mystère, Élise ? Si cette charmante personne parvient à le fixer, crains-tu que je m’en afflige, crois-tu que je le blâme ? Non, mon amie, je pense au contraire que Frédéric a senti que quand l’attachement était un crime, l’inconstance devenait une vertu, et il remplit, en m’oubliant, un devoir que l’honneur et la reconnaissance lui imposaient également ; c’est ce que j’ai fait entendre à M. d’Albe, lorsqu’il est entré dans