Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/314

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le silence, afin de pouvoir consacrer entièrement mes dernières pensées à mon époux et à mes enfans.


LETTRE XL.


CLAIRE À ÉLISE.


Je n’en puis plus, la langueur m’accable, l’ennui me dévore, le dégoût m’empoisonne ; je souffre sans pouvoir dire le remède ; le passé et l’avenir, la vérité et les chimères ne me présentent plus rien d’agréable, je suis importune à moi-même ; je voudrais me fuir et je ne puis me quitter : rien ne me distrait, les plaisirs ont perdu leur piquant, et les devoirs leur importance. Je suis mal partout : si je marche, la fatigue me force à m’asseoir ; quand je me repose, l’agitation m’oblige à marcher. Mon cœur n’a pas assez de place, il étouffe et palpite violemment ; je veux respirer, et de longs et profonds soupirs s’échappent de ma poitrine.