Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/38

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ble ; il se croit aimable, parce qu’il s’aime, et sur cette base inébranlable son bonheur est élevé. Si, vers l’aube du jour, il voit sortir quelqu’un de l’appartement de sa femme, il court vers elle, ouvre son écrin, compte ses diamans, et rit comme un fou de ce que le voleur n’a pas su les trouver.

Êtes-vous pauvre ? quelque mérite que vous ayez d’ailleurs, vous n’êtes qu’un misérable sans importance. D’un autre côté, tout votre mérite consiste-t-il en une connaissance profonde des lois ? on fera de vous un jurisconsulte. Avez-vous de grands talens littéraires ? on vous proposera pour quelque académie. Aimez-vous beaucoup vos enfans et votre ménage ? on vous laissera dans votre maison comme une personne estimable. Bon magistrat, bon négociant, grand politique, grand général, savant agriculteur, vous méritez peut-être beaucoup d’hommages ; mais vous n’êtes encore rien auprès de l’homme aimable, de l’homme à femmes, de l’homme du monde. Une certaine nuance entre la déraison et l’esprit, entre le savoir et l’ignorance, du goût plutôt que du talent, de la mesure plutôt que de la capacité, du luxe plutôt que de la richesse, un peu de