Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/41

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retire et la conversation tarit. Doit-elle pour cela tomber ? Non, sans doute ; ce serait une honte. Monsieur, vous êtes bien près de la porte. — Madame, vous êtes bien mal à l’aise. — Il faisait bien chaud hier. — Il fait bien froid aujourd’hui. On adresse ainsi la parole à tout le monde ; on n’oublie personne ; ce qui s’appelle bien faire les honneurs de la maison. Vient ensuite la nouvelle du jour : si elle est importante, on en parle légèrement ; on s’y arrête si elle est frivole. Les nouvelles une fois épuisées, on en invente : tout cela ne suffit pas encore.

Nous avons besoin d’une si grande quantité d’événemens, qu’on a été obligé de créer, sous le nom de cartes ou de dés, des machines pour en faire. Cet homme vous demande des nouvelles de votre santé, votre santé ne l’intéresse pas du tout : celui-ci vous assure qu’il est votre serviteur ; en vérité il n’en est rien : le premier veut bien jouer avec votre confiance, le second avec votre orgueil. Vous jouez avec lui de la même manière, et vous ne vous trompez ni l’un ni l’autre. Charmante scène, où tout est factice ! Voyez cette petite fille de dix ans, avec sa poupée qu’elle tapote, c’est qu’elle lui représente