Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/42

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son mari : à quinze ans son mari lui représentera sa poupée. Sur cette table verte sont d’autres poupées de papier, qu’on appelle rois et dames. Quelquefois le roi ou la dame sont emportés par un as ou un petit atout, ce qui est très-piquant. Tout est jeu dans ce monde : au théâtre on joue les rois et les peuples ; dans les salons, on joue à la fortune avec des cartes ; on joue à l’amitié sous le nom de politesse ; à l’amour, sous le nom de galanterie ; on rit pour faire semblant d’être gai ; on élève, on précipite ses paroles, pour faire semblant d’être passionné ; le marmot bat du tambour et veut faire le solclat ; la petite fille se pavane et veut faire la dame ; les enfans jouent pour ressembler à des hommes, et les hommes jouent pour ressembler aux enfans ; ce que vous blâmez dans ces jeux du monde, ce sont ses délices ; ce que vous blâmez dans ces femmes, c’est de la noblesse ; dans ces jeunes gens, c’est de la grâce : tout cela fait essentiellement partie du bon ton. Or, le bon ton est aux manières ce que le bon goût est aux productions de l’esprit : C’est le bon sens des petites choses, c’est le sentiment exquis des plus petites nuances, des plus légères convenances. Sublime renver-