Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/72

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Dit-elle ; après dix ans, j’y reviens avec lui ;
Plaignant du fond du cœur ma patrie en délire,
J’arrive d’Altona pour vous apprendre à lire.
J’ose même espérer de plus nobles succès ;
Je voudrais, entre nous, convertir les Français.
Plus d’un, sans réussir, a tenté l’entreprise ;
Vous n’aviez point encore de mère de l’Église.
Si la philosophie a pu vous abuser,
Si des noms trop fameux qu’on voudrait m’opposer,
Forment dans la balance un poids considérable,
Mes trente in-octavo sont d’un poids admirable :
Pour faire pénitence il faut les méditer,
J’aurais bien plus écrit ; mais je dois regretter
Quelques beaux jours perdus loin de mon oratoire,
C’était un vrai roman ; le reste est de l’histoire,
Et de la sainte encor : vingt ans j’ai combattu
Pour la religion, les mœurs et la vertu.
Peste ! ce ne sont là des matières frivoles :
Vous n’êtes point, Madame, au rang des vierges folles
Vous n’avez point caché sous le boisseau jaloux
La flamme dont le ciel fut prodigue envers vous ;
Mais, faisant au public partager cette flamme,
Croyez qu’un ton plus doux lui plairait mieux, Madame.
Vous êtes sainte ; en bien ! chaque chose a son tour ;
Soyez sainte, aimez Dieu : c’est encor de l’amour.
En son premier printemps, Madeleine imprudente,
Se repentit bientôt, mais ne fut point pédante ;
Quand elle crut, l’amour fit sa crédulité,
Et toujours ce qu’on aime est la divinité.