Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/73

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Voyez Thérèse encore ; quelle sainte adorable !
Elle aime, elle aime tant, qu’elle a pitié du diable,
Et pour l’époux divin se laissant enflammer,
Plaint jusqu’au malheureux qui ne peut plus aimer.


Le trait le plus frappant du caractère de madame Cottin était l’oubli de soi-même ; dévouée à ses parens et à ses amis, elle ne croyait pas qu’il lui fût permis de songer un instant à elle seule, et cela ne lui eût pas même été possible. Le temps qu’elle mettait à s’occuper du bonheur des autres ne lui laissait pas celui de s’occuper du sien ; toute sa vie a été ainsi un long acte de dévouement, et d’un dévouement aussi profond qu’aimable, aussi doux qu’énergique : sa bonté l’obligeait point à la reconnaissance ; elle donnait beaucoup et ne demandait rien. « Dieu, disait-elle, s’est réservé le plus beau des droits, celui de payer la vertu. »

Ce désintéressement lui donnait une douceur aussi attachante que rare, parce qu’elle semblait s’en faire un plaisir et non un devoir : elle avait de la joie à céder, et du contentement à ne blesser personne ; un sentiment vindicatif n’entra jamais dans cette âme, pour qui les choses personnelles n’étaient rien, et la bienveillance qui présidait à toutes ses paroles, à