Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/93

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mettre au nombre de ces écrivains qui, dédaignant le mouvement rétrograde de la conversion, ont juré de vivre et de mourir dans l’impénitence finale de la mélancolie et des sentimens d’outre-mer et d’outre-raison. Il faudra bien surtout se garder de la confondre avec ces esprits exaltés dont les idées, converties en images, prennent dans l’incandescence de leur imagination la chaleur et les couleurs du sentiment. Il est passé le temps où quelques admirateurs trop faciles s’étaient imaginé que ce n’était qu’au fond des abîmes d’une profonde mélancolie, que les pensées hautes et larges avaient leur source ; il est depuis long-temps divulgué le secret de livrer ses idées aux emportemens d’un style exalté, de vieillir l’expression par la pensée, tout en croyant rajeunir la pensée par l’expression ; de donner à sa prose caduque et goutteuse la marche fière et imposante de Bossuet ; de prendre la stérilité des minuties pour l’abondance des détails, le luxe des petites choses pour la richesse des grandes, la pauvreté des idées pour de la simplicité, la sécheresse des niaiseries sentimentales pour l’épanchement du sentiment. Il est aujourd’hui familier à nos moindres gri-