Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/96

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gétation qu’est le miracle : la nuance qui les distingue n’est rien ; c’est cependant ce rien qui fait pâmer d’aise le jardinier fleuriste, et qui lui vaut mille écus. Or, dans le monde, c’est cette différence d’homme à homme, cette nuance, ce rien qu’on appelle génie, imagination, esprit et talent, qui est compté pour beaucoup ; car je ne parle pas ici des différences extérieures, telles que la force et la beauté, ni des différences sociales, telles que la richesse, la naissance et les dignités : différences qui jouent d’ailleurs un si grand rôle.

On peut établir, par la règle générale, que toutes les fois que les hommes entassent différens noms sur un même sujet il y a confusion dans leurs idées : en effet, on a toujours trop confondu l’esprit et le talent, et pourtant la différence est si considérable, que c’est d’elle qu’on doit se servir pour expliquer certains écrivains. Nous avons tous des idées, comme nous avons tous un visage ; peu d’hommes cependant ont de l’esprit et de la figure ; il faut pour cela un certain ordre dans les traits et dans les idées : il faut surtout à la pensée de la variété, de la nouveauté et du mouvement. Un homme dont les discours ne roulent que sur