Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 2.djvu/49

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et je ne sortais jamais sans elle. — Ah ! bon Dieu, reprit miss Melmor, comment se peut-il qu’on fasse un si triste usage de sa liberté, et qu’on se prive des bals, des spectacles des fêtes, quand on est maîtresse d’en jouir ? J’avoue, pour moi, que je ne désire pas d’autres plaisirs… « Croyez, ma chère, interrompit mistriss Birton, qu’on s’en lasse bien vite : j’en ai joui avec excès dans ma jeunesse ; on m’a enivrée de tout ce que les triomphes de l’amour-propre ont de plus doux ; mais, revenue de ces chimères, dont j’ai bientôt connu le vide, j’ai quitté le monde avant qu’il m’eût quittée. En vain il a cherché à me rappeler dans son sein, j’ai résisté à toutes ses avances, pour me consacrer aux seules jouissances réelles, la bienfaisance et l’amitié ; et à présent que je ne suis plus ni jeune ni jolie, je me trouve bien de n’avoir pas donné toutes mes années au plaisir. » Mistriss Melmor se répandit en éloges sur la haute sagesse de son amie. Malvina les trouva si outrés, qu’ils lui ôtèrent l’envie d’en donner aucun. D’un autre