Page:Crémieux, Gille - Les Bergers.pdf/30

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en soit ainsi à Paris ! et ne savez-vous pas qu’il faut faire des retouches à la nature. (Appelant.) Holà ! messieurs les jardiniers ! (Deux jardiniers entrent.) Que cela ne se renouvelle plus… Voici deux flacons contenant des essences. Que les roses sentent l’ambre, les œillets le musc ! Et ces amandiers, ces pommiers, poudrez-moi tout cela… Que les moutons soient frisés et enrubannés conformément aux dernières gravures de mode… Jetez aussi des essences dans les étangs… Qu’on colore cette cascade.

LE BAILLI, timidement.

Mais les carpes, monsieur l’intendant ?

L’INTENDANT.

Les carpes feront comme tout le monde, elles se mettront au rose ou au bleu… Palsambleu ! soyons Louis XV.

LE BAILLI.

Fort bien !

L’INTENDANT.

Laissez-moi, il faut que je parle à madame la marquise.

LE BAILLI.

Je me retire et cours faire exécuter vos instructions. Ah ! si la baillive pouvait me tenir parole pour ce grand jour, la fête serait complète.

Il sort avec les jardiniers.


Scène IV

L’INTENDANT, puis LA MARQUISE.
LA MARQUISE, sans le voir.

Colin serait-il un trompeur ! Non ! je ne puis croire à l’inconstance de cet aimable objet… La perfidie des cités ne peut revêtir une aussi charmante enveloppe… Ah ! marquise ! marquise, seras-tu donc toujours le but des flèches de Cupidon ?

L’INTENDANT, à part.

Allons, cela a marché. (Haut.) Madame la marquise !