Page:Crémieux, Gille - Les Bergers.pdf/50

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LE MARQUIS.

Comment un chérubin blond !… un… mais tu es tout simplement un monstre d’innocence… Qui t’a conseillé de te livrer à de semblables travaux d’aiguille ?

ANNETTE, pleurnichant.

Monseigneur, c’est l’intendant

LE MARQUIS.

L’intendant ?…

ANNETTE.

Oui, monseigneur… Il m’a dit qu’une fois rosière j’épouserais Colin, et que le plus joli trousseau d’une bergère c’était ces petits affiquets-là…

LE MARQUIS, respirant bruyamment.

Ouf !… Ah ! je comprends… tu n’as travaillé que pour l’avenir !… Ah ! je suis rassuré… Alors, petite, tu es tout à fait candide ?

ANNETTE.

Dam ! monseigneur…

LE MARQUIS.

Et Colin, aussi, n’est-ce pas ?

ANNETTE.

Ah ! je crois bien… Colin est au moins aussi naïf que moi !

LE MARQUIS.

Ah ! je suis…


Scène XI

Les Mêmes, COLIN,

Colin descend à reculons les marches du perron en envoyant des baisers à la marquise qu’on ne voit pas. Le marquis l’apercevant s’écrie :

LE MARQUIS.

Jour de Dieu ! Qu’est-ce que je suis ? (Il arrête Colin, et furieux lui