Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/10

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sistait à ne jamais se refuser à tenir aucun enfant. On n’avait pas l’idée de cette sorte de dévotion-là  ! Enfin, Monsieur fut lui dire de se tenir tranquille, parce que la mère de cet ante-christ avait changé d’avis, et que ce serait à moi qu’elle comptait s’adresser. — Tant mieux ! dit-elle à Monsieur, je ne serai pas fâchée de la savoir dans l’embarras… Elle est si confiante et si moqueuse !

À propos de baptême et de Monsieur, frère du Roi, je me rappelle une petite chose qui marque assez bien son caractère, il avait été désigné pour représenter le Roi d’Espagne au baptême de Madame Royale, dont cette Princesse était la filleule, et le Grand-Aumônier lui demanda quels noms il fallait donner à Madame ![1]

— Monsieur le Cardinal, lui répliqua pointilleusement le fondé de pouvoir de Sa Majesté Catholique, il me semble que la première chose à me demander doit être relative aux noms et qualifications

  1. Marie-Thérèse de France, Fille de France et Duchesse d’Angoulême. On est tenté de s’écrier charitablement pour elle : Hélas ! plût à Dieu qu’elle fût morte ce jour-là ! Elle aurait précédé son bienheureux père au ciel, au lieu d’y monter la dernière de sa famille, après tant de souffrances et d’afflictions après tant d’années d’angoisses et de cruel martyre ! Mais les desseins de la Providence ne sont pas les nôtres ; elle a voulu donner à la terre un éternel exemple de vertus sublimes et d’édification. Pieuse et courageuse fille de Robert-le-Fort et de Robert-le-Pieux ! Ô véritable fille de France et digne enfant de Saint Louis ! s’il existe chez nous, s’il peut exister au monde un seul être humain dont le cœur ne soit pas torturé, dont les yeux ne soient pas noyés de larmes en songeant à vous ?… Ce n’est pas moi !
    (Note de l’Auteur.)