Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il ne connaissait pas moins bien le rituel de Paris que l’étiquette du Louvre chacun en conclut nécessairement que Monsieur n’ignorait de rien, et je suppose qu’il n’en fut pas fâché[1] ?

  1. Quand nos princes et nos prélats vont être revenus de leur émigration, souvenez-vous qu’il ne faut jamais donner le Monseigneur à ces derniers quand on se trouve en présence d’un prince du sang royal de France, pour qui cette justification doit être réservée par exclusion de toute autre personne fût-elle d’une autre famille souveraine. Comme les personnes royales étrangères n’en sont pas satisfaites, c’est à raison de cette coutume que l’usage de voyager incognito s’est établi vers le milieu du règne de Louis XV ; car il ne date pas de plus loin. Quand on se trouve en pareil cas vis-à-vis d’un Cardinal ou d’un vieux Archevêque ou d’un saint Évêque, on évite seulement de l’appeler Monsieur ; on tourne autour de l’écueil en louvoyant, et c’est ainsi qu’on lui marque sa révérence.
    Mes oncles disaient toujours que cette coutume était bonne à garder, ne fût-ce que pour attester et manifester à messieurs les prélats que lorsqu’ils se trouvent monseigneurisés par nous, c’est un pur effet de petitesse dévotieuse et de courtoisie volontaire.
    Mme de Lhospital avait remarqué que lorsqu’un Évêque français n’est pas né Gentilhomme cette partie du formulaire est supportée fort impatiemment par la noblesse, et toujours est-il que nulle personne de la cour n’aurait voulu donner le titre de Monseigneur à M. Boyer, l’Évêque de Mirepoix quoiqu’on eût perpétuellement affaire à lui parce qu’il était chargé de la feuille des bénéfices. Le Maréchal de Richelieu n’a jamais dit que Monsieur à tous les Évêques et les Archevêques du royaume, et personne ne s’en étonnait. Rappelez-vous donc qu’à la réserve de nos Princes la noblesse française ne doit le Monseigneur qu’à M. le Chancelier, et peut-être aux Maréchaux de France, en qualité de juges du Point-d’Honneur ? Mais je divague à ce qu’il me semble et la concision de tout ceci consiste à ne jamais dire Monseigneur à un Évêque devant un Prince du sang.
    (Note de l’Auteur, 1797.)