Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/208

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Tu rêves de tremblement de terre, mais dilettante anémique, tu les aurais dégustés, comme sa petite secousse ce vieux parapluie de Barrès.

Et, dis, à quoi bon le protocole de la sensualité, les corps savants, l’amour dans ses trente-deux positions, sous toutes ses formes et perversités ; à quoi bon, encore, l’alcool et les drogues, dont tu essayas bien des variétés, si, de tes essais, tu n’as pas même contracté ce qui, du côté cour se nomme vice, et passion du côté jardin ? Tu n’en es pas moins fier d’une expérience qui te permettrait d’y aller de petites descriptions charnelles, très Baedecker, d’un naturalisme à vous retourner les doigts de pied. Il y a aussi les considérations un tantinet pharmaceutiques, à propos des paradis artificiels, et je t’entends jaspiner des heures et des heures, évoquer les grands fauves qui de ta défectueuse et sautillante personne n’ont pas même daigné faire leur proie. La maladie, tu y as renoncé quand tu as eu vu, de tes yeux vu, comment, au plus haut étage du sanatorium gratte-ciel, le silence, l’immobilité,