Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

au face-à-main qui me donne une contenance, et à la plume d’autruche aubergine, j’ai l’air d’une reine qui passe la revue de ses troupes. Nous arrivons au poteau : on m’attache. Les maladroits ont froissé ma robe. Tant pis. Elle en verra d’autres. Je ne veux pas quitter mon chapeau. Je refuse de me laisser bander les yeux. Mon avocat me baise la main. Le commandant du peloton est si troublé que je crie moi-même : « Feu ! » On tire. Je tombe, Je suis morte.

Ma résurrection.

Mon corps a été réclamé, soi-disant par ma famille. En vérité, on m’a transportée chez mon chéri. Mes yeux viennent de se rouvrir et voient l’incomparable amant qui promène le fakir sur mon cadavre nu. Ce contact cicatrise les blessures et réveille les sens. L’avocat est à mon chevet. Il me présente un petit vieux bien propre, médecin spirite, de ses amis, venu surveiller l’opération que cet amour d’Anglais tenait à exécuter de ses propres mains. Le médecin spirite est tout joyeux car il paraît que j’ai à la minute, retrouvé mon aura. Bientôt,