Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/68

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je pourrai gambader, rire, aimer. Toutefois je n’aurai plus jamais ni température, ni couleur. Il faut m’y résigner. C’était prévu. Et mon défenseur qui n’oublie jamais rien m’offre une boîte de maquillage. Mon chéri entonne le God save the king et me fakirise de toutes ses forces. Le travail achevé, l’avocat et le docteur s’en vont. Mon chéri pose le magot sur le bord de la table, et vite, en deux temps, deux mouvements, se déshabille. Vlan, le veston dans un coin, les bretelles dans un autre. Tout valse : gilet, pantalon, chemise, chaussures, cravate. Cette belle viande d’homme rose est plus que jamais affolante comparée au parchemin tendu sur les os du ratatiné.

— À votre bonne santé, fakir. On va y aller d’un bon petit zig-zig. Et vous n’aurez pas à vous plaindre, avec un aussi joli couple à vos pieds, lui, vicieux comme un Anglais, elle, qu’il caresse en l’appelant « son chère petite morte parlante et remuante », pâmée, la grande amoureuse. Ils s’étreignent à s’en faire craquer la carcasse.

Malheur à eux !