Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/69

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Myrto-Myrta oublie qu’elle n’est pas plus chaude que glace. Un buveur de whisky à se frotter contre une banquise, à se coucher à plat ventre sur un iceberg, s’y rouler, risque fort une congestion. Que ne s’en est-elle souvenue, alors qu’elle rêvait, neige, de se laisser fondre entre les bras, entre les jambes d’un volcan. Lui, soudain, flamboya, rouge, bleu, vert, violet, noir, et après ce spasme arc-en-ciel, devint blanc et froid, aussi blanc, aussi froid qu’elle. Il ne bougeait plus. Donc il était mort. Myrto-Myrta prit le fakir, le promena par tout son corps, ainsi qu’elle l’avait vu faire pour soi. Ouitche ! Sa résurrection avait vidé le sacré petit bonhomme. Et elle, qui aurait tant voulu, à son tour, sauver son sauveur ! Le temps que le fakir se recharge, son chéri serait trop définitivement mort pour qu’il puisse jamais lui être rendu. Et puis elle-même devra, d’ici moins de douze heures, être refakirisée. Certes elle passerait bien son tour, mais si le sacrifice, par miracle, n’était pas inutile, d’une vie dont elle se serait privée, en renonçant à sa propre et indispensable pitance