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LA POESIE PIERIENNE 59

nature terrible et souriante, infinie en malfaisance comme en bonté, tantôt sombre et destructrice, tantôt lumineuse et doucement apaisée. Les Muses, en devenant helléniques, devinrent aussi les filles de Zeus, qu'elles célébraient constamment. Dès le temps d'Hésiode, la notion de cette origine est fixée dans une formule presque invariable : « Muses de l'Olympe, filles de Zeus qui tient l'égide*. » Vivant auprès de leur père, leur fonction propre est de le charmer en chantant*. Elles célèbrent, pour lui plaire, les dieux, leur naissance, leurs attributs, leur infinie diversité^. Lui-même est le principal sujet de leurs chants ; c'est par lui qu'elles les com- mencent et les finissent*. Ce qui est attribué ainsi aux Muses par la tradition hésiodique, c'est ce que les poêles de la Grèce primitive avaient dû faire depuis des temps reculés. Ils chantaient les dieux à un peuple simple et croyant, et en les chantant ils les enseignaient. Interprètes de la pensée commune, mais supérieurs à la foule en raison et en réflexion, ils dégageaient une à une les idées qui germaient confusément en elle, ils notaient les attributs divins vaguement conçus, ils inventaient, sous la dictée inconsciente d'une multitude avide de mystères, les premiers mythes, ils marquaient les rapprochements et les contrastes, les parentés divines et les hosti- lités cosmogoniques, en un mot ils ébauchaient

��1. Théogon.j 25, 52.

2. Théogon.j 51.

3. Théogon., 11-21, 38, 44-52. 65-68.

4. Théogon.: 47. Zfjva, Oewv Tzazip* rfiï xal avSpûv — àpyo(Ji£vai 6* Û[jl- vcuai 6cal XrJYOuaa^ i' àoi^^;. Ce dernier vers est justement suspect en raison de son incorrection métrique. Mais, interpolé ou non, il a sa valeur comme témoignage; car il n*a pu être introduit là qu'en raison d*uu usage existant et certainement ancien.

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