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CHANTS DE DEVELOPPEMENT 203

ment. Rien n'est plus instructif à cet égard que de comparer entre eux les nombreux combats singuliers de V Iliade, Celui d'Achille et d'Hector en est le type et sans doute le premier modèle. Sur ce modèle ont été faits, avec plus ou moins d'originalité dans l'imitation, ceux de Patrocle et d'Hector, de Patrocle et de Sarpédon, de Tlépolème et de Sarpédon, d'Hector et d'Ajax, de Paris et de Ménélas, d'Achille et d'Énée. On arriverait peut-être, par une étude patiente, à les classer en série selon les inventions accessoires qui s'y ajoutent au motif principal.

Mais l'imitation a été plus souvent un moyen qu'un motif d'extension. Les aèdes en général ne créaient pas de nouveaux épisodes pour le simple plaisir d'imiter les anciens. Ce qui semble avoir surtout déterminé le premier accroissement de VIliade, c'est le désir qu'ils avaient de compliquer la marche des événements et d'embellir par le mer- veilleux ce qui paraissait trop simple dans les in- ventions primitives. On peut citer, comme exemples remarquables de cette double tendance, le douzième livre ou V Assaut du mur, et la plus grande partie de ce que nous ^xon^womvnéV Achilléidey c'est-à-dire des sept derniers livres. L'auteur de la défaite des Achéens racontée dans le onzième livre actuel se représentait le camp entouré d'un simple fossé et d'une palissade ; à la fin du combat qu'il avait décrit, les Achéens avaient perdu le champ de bataille et étaient rejetés au delà de ce fossé, poursuivis par Flector. Un aède, d'une remarquable imagination d'ailleurs, un des plus grands Ilomérides après Homère, a trouvé cela trop simple : il a conçu la pensée de représenter le camp comme entouré d'un véritable mur avec des créneaux et des tours puis- santes, afin d'avoir l'occasion d'ajouter au récit

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