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540 CHAPITRE XII. — LA THÉOGONIE

consacrant à elles-mêmes le commencement et la fin de mes chants. — Salut, filles de Zens, accordez-moi de plaire en chantant, et célébrez avec moi la sainte filiation des dieux étemels, ceux qui sont nés de la terre et du ciel étoile, ceux qui sont fils de la sombre nuit, et ceux que la mer aux flots salés a mis au monde'. »

Tout se tient dans ce développement fort simple qui nous parait constituer à lui seul Fintroduction primitive. Le poète, quel qu'il soit, se donne pour une sorte de révélateur, inspiré directement par les Muses. La mission qu'il a reçue d'elles est analogue dans sa pensée à celle qu'elles confièrent jadis à Hésiode ; et cette analogie est aussitôt expliquée : tous deux s'adressent à un auditoire de pâtres, de paysans, tout occupés des choses matérielles, et tous deux sont chargés de leur faire entendre le langage divin de la poésie, mais d'une poésie uniquement faite de vérité. Hésiode leur a enseigné le travail et la justice ; son successeur va leur dire les géné- rations des dieux; morale d'un côté, religion de l'autre, deux aspects de la sagesse éternelle; voilà en quel sens la Théogonie se rattache aux Travaux. Aussitôt après cet exorde, les généalogies divines commençaient.

Si le respect des œuvres littéraires eut été connu des aèdes, ce début serait resté toujours tel qu'on vient de le lire ; mais rien ne leur était plus étranger que ce sentiment. Quand Fauteur du poème eut dis- paru, un autre aède eut Tidée d'en modifier Tintro-

��1. Cet exorde est formé de trois morcenux aujourd'hui séparés (1-4, 22-34 et 104-107). J'ai indiqué la séparatiou par des traits pour qu'elle frappât immédiatement le lecteur. II y a là trois groupes distincts d'idées, ce qui explique qu'où ait pu intercaler entre (?ux des dévelop))enuMits nouveaux; mais les trois groupes se f«)nl suite tout naturellement.

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