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INTRODUCTION

dans son ensemble, a été, plus que toute autre, amie de la vie, jouissant de ses pensées et de ses sentiments, et portée par nature à un optimisme toujours actif[1].

Voilà, dans ses traits généraux, le type hellénique tel que nous le concevons. L’histoire de la littérature grecque tout entière, vue de haut, n’est que le développement de ces observations fondamentales.

II

la langue grecque

La langue d’un peuple est la première révélation littéraire de son génie. Elle est elle-même une œuvre de l’esprit, et toutes les autres œuvres de l’esprit dépendent d’elle. Quelle que soit l’importance de l’élément héréditaire qu’elle renferme, son originalité propre, dès qu’elle en a une, manifeste de la manière la plus frappante les qualités de la race. Elle devient une des formes de son idéal, et elle exerce son influence sur tout ce qui se fait désormais par la pensée et par le sentiment.

Nous ne considérerons pas ici la langue grecque

  1. Aristote (Problèmes, XXX, 1) se demande pourquoi les hommes supérieurs dans la philosophie, la politique, la poésie ou les arts sont généralement mélancoliques. Sans doute son observation portait surtout sur des Grecs, mais elle ne leur était pas spéciale. Si elle est complètement juste, ce qui peut être mis en doute, on devrait en conclure simplement que les grands hommes en Grèce n’ont pas échappé tout à fait à une loi générale, mais il faudrait bien se garder de chercher là un trait de caractère national.