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DE CLERMONT-TONNERRE.

On dit givenlrant en Paradis,
Il fut reçu vaille que vaille ;
Et qu’il en sortit par mépris,
N’y trouvant que de la canaille.

Un chevalier de Tonnerre, neveu de l’évéque de Noyon, s’étant fait minime ( on sait que ces moines mangent tout à Thuile), quelqu’un fit une chanson, dont le prélat était bien plus l’objet que son ueveu le minime, et qui finissait ainsi :

Ce choix doit du prélat INoyon
Bien échauffer la bile ;
Car pour son illustre maison
C’est une tache d’huile.

(2) Voici celte réponse de M. l’abbé de Caumartin à M. Tévèque de Noyon ; le lecteur pourra juger de la malice ou de la franchise des éloges donnés par le directeur au récipiendaire.

« Monsieur, si les places de l’Académie Française n’étaient considérées que par les dignités de ceux qui les ont remplies, nous n’aurions osé vous offrir celle dont vous venez prendre possession, et peut-être n’auriez-vous pas eu vous-même tout l’empressement que vous avez témoigné pour l’obtenir. Le confrère que nous avons perdu ne devait rien à la fortune. Riche dans tontes les parties qui font un véritable homme de lettres, il n’avait aucun de ces titres éclatans qui relèvent son successeur ;… et notre consolation serait faible, si elle n’était fondée que sur la différence des conditions. Nous connaissons, monsieur, votre sang illustre, en qui toutes les grandeurs de la terre se trouvent rassemblées. Nous vous voyons revêtu de ce titre auguste, pair de France, qu’un de nos rois a dit être le plus glorieux qu’on pût donner à un fils de France. Nous respectons en vous ce sacré caractère, que le fils de Dieu a laissé dans son église comme le plus grand de tous ses bienfaits ; et cependant, monsieur, ce n’est pas à toutes ces qualités éclatantes que vous devez les suffrages de cette compagnie, c’est à un esprit plus noble encore que votre sang, plus relevé que vos titres. Nous ne craignons point de vous déplaire en vous dépouillant, pour ainsi dire, de tant de grandeurs. Est-ce d’aujourd’hui que vous marchez sans elle ? et la qualité d’académicien est-elle la première oti vous êtes parvenu, comme un autre homme qui ne serait pas né ce que vous êtes ? C’est un pompeux cortège qui vous accompagne et qui ne vous mène pas ; vous le prenez et vous le quittez, selon qu’il vous convient, et il est de l’intérêt de votre gloire de vous en détacher quelquefois, afin que les honneurs qu’on vous rend ne soient attribués qu’à votre seul mérite. La place que vous occupez vous était due depuis long-temps. Cette éloquence, dont nous sommes encore éblouis, et dont vous avez créé le modèle, vous accompagne partout. Ce n’est point dans vos harangués, ce n’est point dans vos sermons qu’elle se renferme, on la trouve dans vos lettres et dans vos conversations les plus fami-