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DU CARDINAL DUBOIS

cier, disait-il, tl’une grâce qu’il devait à sa recommandation ; mais lorsqu’elle lui eut demandé de quoi il était question, et qu’elle eut appris ce que son altesse royale venait de faire pour lui, elle lui redit trois fois : Vous, conseiller d’État !

Cette princesse, d’une hauteur qui allait souvent à l’excès, trouvait ce titre trop relevé pour le fils d’un petit bourgeois de Brives. Elle ne voyait pas plus loin, et ne s’informait pas si le petit bourgeois était digne ou non de cette place.

Il proposa au régent de faire deux choses pour lui ; la preraière, de le nommer secrétaire du cabinet de la régence ; la seconde, de l’envoyer en Angleterre continuer le traité de la quadruple alliance qu’avait commencé M. d’Iberville : il offrit l’alternative, et le régent le fit partir pour l’Angleterre.

Ici se termine le manuscrit, qui paraît n’avoir pas été achevé.

Dans un ouvrage in-12, imprimé à Paris, en 1761, sous le titre de pièces intéressantes et peu connues pour servir à l’Histoire, ouvrage qui a eu beaucoup de lecteurs, on trouve plusieurs autres anecdotes très-curieuses sur le cardinal Dubois, recueillies par Duclos, et auxquelles nous renvoyons : on y voit entre autres qu’il dut, en partie, l’archevêché de Cambrai à la recommandation du roi d’Angleterre (étrange voie pour obtenir les honneurs de l’Église catholique), et le chapeau de cardinal aux intrigues du cardinal de Tencin, qui, dans le conclave de 1721, où fut élu Innocent XIII, mit cette condition à l’élection du pontife.


NOTES.

(1) Labbé Dubois, qui passait pour avoir des mœurs peu sévères, ayant demandé au régent l’archevêché de Cambrai, un des plus riches du royaume : Je le veux bien, lui dit le prince ; mais parmi tant d’évêques qui vous décrient, en trouverez-vous un seul qui se charge de vous sacrer ? J’en trouverai trente, répondit l’abbé Dubois : il ne se trompa point ; plusieurs évêques s’offrirent pour cette cérémonie, se croyant trop heureux de faire leur cour au prince, et d’obliger le ministre qui était en faveur. Un des prélats les plus distingués par sa naissance et par son sicgc, demanda la préférence et l’obtint.


(2) Voici la lettre que le cardinal Dubois écrivit à Fontenelle, pour demander une place dans l’Académie Française.

« M. le cardinal de Rohan et M. l’évêque de Fréjus m’ont demandé monsieur, s’il ne me conviendrait point d’accepter une place dans l’Académie Française. Je leur ai répondu que c’était la seule dignité qui pouvait être ajoutée à ma fortune. Voilà mes sentimens, sur les-