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NOTES SUR L’ARTICLE

quels l’Académie peut régler les siens sans aucune contrainte et sans aucune condition. Je bornais mon ambition à être votre ami, monsieur, on m’a tenté ; et je la laisse aller jusqu’à ne pas rougir d’être votre confrère. »

Cette derrière phrase est équivoque, au moins dans les termes ; car elle peut signifier ou que le cardinal regardait le titre d’académicien comme au-dessous de sa dignité, ou qu’il le croyait au-dessus de ses talens : mais ce dernier sens est le seul vraisemblable. C’était à coup sûr un compliment que le cardinal voulait faire à Fontenelle, et non une injure qu’il prétendait lui dire.

Ce fut le 5 décembre 1722 que le cardinal Dubois fut reçu, à la place d’André Dacier, secrétaire de l’Académie. Fontenelle se trouva pour lors directeur, et n’avait encore été chargé d’aucune réception. Il tira parti assez heureusement de cette circonstance, dans sa réponse au récipiendaire. « Depuis plus de trente ans, lui dit-il, que l’Académie m’a fait l’honneur de me recevoir, le sort l’avait assez bien servie, pour ne me charger jamais de parler en son nom à aucun de ceux qu’elle a reçus après moi ; il me réservait à une occasion singulière, où les sentimens de mon cœur pussent suffire à une fonction si noble et si dangereuse. »

(3) À l’occasion de cette faute d’impression prétendue, nous remarquerons que les auteurs en ont souvent hasardé par malice, et pour se ménager dans errata des plaisanteries, quelquefois bonnes, quelquefois insipides, quelquefois même indécentes ; espèce de finesse qui, dans tous les cas, nous semble petite et mesquine. Tels sont les errata suivans : péché original, lisez originelCe jésuite attaque dans ses ouvrages l’hypocrisie, l’ambition, l’orgueil, vices communs dans sa société, lisez dans la société, et plusieurs autres semblables, qu’il serait inutile de citer ici, parce qu’il y a trop de facilité à les trouver, et trop peu de mérite à se les permettre[1]. Les seules fautes d’impression vraiment plaisantes, sont celles qu’on a faites de bonne foi, et d’où résulte dans Verrata une épigramme d’autant plus piquante, que l’auteur n’y a point pensé. Nous citerons pour exemple l’errata d’un gazetier, qui est encore un Hollandais ; car cette nation est heureuse en errata. Ce gazetier ayant mal lu la lettre de son correspondant, qui lui annonçait un ouvrage de M. de Réaumur, annonça que ce savant venait de publier le premier volume de son histoire des Jésuites ; dans l’ordinaire suivant, il eut soin d’avertir qu’au lieu de jésuites, il fallait lire insectes[2].

On peut mettre dans cette classe derrata cpigramnialiqiies la remarque plus gaie que décente de Richelet, qu’t’Z ne faut pas, afec quelques auteurs, écrire jésuite avec une s, comme casuiste, rigoriste, mais jésuite sans s, comme sodomite, hypocrite, etc. Le mauvais poëte Gacon, dans de mauvais vers latins, avait fait brève au génitif la seconde syllabe du mot Gaconis ; quelqu’un lui dit que cette seconde svllabc devait cire longue, comme dans lenonis, nebulonis.

il est défendu par la sainte inquisition d’employer dans les livres le mot

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