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DE L’ABBÉ DE CHOISY.

nant. Il est beau pour notre religion, qu’un roi idolâtre témoigne du respect pour celui qui en est le chef en terre, et lui envoie des présens des extrémités du monde ; et je mois que le roi sera bien aise de voir le vicaire de Jésus-Christ honoré par le roi de Siam, et qu’un de ses sujets soit chargé d’une pareille commission. »

(7) Le nouveau prêtre était aussi novice dans le sacrement de l’ordre, qu’un certain abbé de Cosnac, dont il a écrit très-plaisamment l’histoire.

Cet abbé, qui venait d’être nommé à l’évêclié de Yalence, avait pi’ié un archevêque de ses amis de faire la cérémonie de son sacre. L’archevêque lui ayant demandé quel jour il avait choisi pour cette cérémonie : Il est nécessaire, répondit labbé, que vous me fassiez prêtre auparavant, car je ne le suis pas… Je vous ferai prêtre, répondit le consécrateur… Mais, dit l’abbé, il faudra que vous me fassiez diacre… Diacre soit, répondit l’archevêque un peu surpris… Je vous dirai tout bas, reprit labbé, que je ne suis même pas encore sous-diacre… Oh ! pour le coup, répliqua l’archevêque, dépêchez-vous de me dire que vous êtes tonsuré, de peur que dans cette disette de sacremens, vous ne remontiez jusqu’au baptême.

Voici les réflexions de l’abbé de Choisy, sur les différens ordres dont il venait d’être honoré.

7 décembre.

» J’ai reçu ce matin les quatre mineurs, et demain, s’il plaît à Dieu, je m’engagerai pour toute ma vie dans l’état ecclésiastique. Il y a deux ans et demi que j’y songe. Je me suis abandonné à M. de Métellopolis : ainsi, j’ai la conscience en repos, et crois prendre le bon parti… »

8 décembre.

« Je suis présentement sous-diacre ; il n’y a plus moyen de reculer, voilà qui est fait. Je ne sais si je serai assez malheureux pour me repentir ; mais je n’en crois rien… »

9 décembre.

« Je suis diacre : c’est bien marcher à pas de géant ; et qui plus est, demain, s’il plaît à Dieu, je serai prêtre. Il n’y avait pas moyen de faire autrement… »

10 décembre.

« Me voici donc prêtre. Quel terrible poids je me suis mis sur le dos ! Il faudra le porter ; et je crois que Dieu, qui connaît ma faiblesse, m’en diminuera la pesanteur, et me conduira toujours par ce chemin de roses que j’ai trouvé si heureusement chez vous, au sortir des bras de la mort « 

6 janvier.

« Dieu m’a fait la grâce de dire aujourd’hui ma première messe !