Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/65

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personne de l’Impératrice, soit qu’ils eussent songé à rejoindre, avec elle et son fils, l’armée française qui revenait d’Espagne et à tenter les dernières chances d’une guerre civile, ils employèrent tous les moyens, depuis la prière jusqu’à la menace, pour décider l’Impératrice à passer de l’autre côté de la Loire. Elle résista tant qu’elle put ; ils parlèrent alors de l’y contraindre par la force. De plus en plus effrayée, Marie-Louise sortit précipitamment de sa chambre, et appela près d’elle M. de Beausset : « Monsieur, dit-elle tout effarée, les frères de l’Empereur veulent me faire partir de Blois malgré moi ; ils me menacent de me faire enlever ainsi que mon fils. Que dois-je faire ? » — « Votre volonté, répondit M. de Beausset. » — « Mais obéira-t-on à ma volonté ou aux ordres des frères de l’Empereur ? Allez, je vous prie, vous assurer des dispositions de ma maison. » La première personne que M. de Beausset rencontra fut mon père. Il lui raconta ce qui se passait ; mon père comprit en un instant la gravité du conflit et l’intérêt qu’il y avait à s’assurer de l’appui des officiers de la garde de l’Impératrice contre la violence de ses frères. Sans consulter davantage, il descendit rapidement l’escalier au point de faire une chute assez rude, appela à grands cris les officiers de la garde qui se promenaient dans la cour, puis les haranguant du haut des dernières marches : « On veut, s’écria-t-il, contraindre l’Impératrice à passer la Loire ; elle me