Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

charge de vous demander si vous la laisserez violenter par les membres du Conseil de régence. La femme et le fils de notre souverain attendront-ils ici, entourés de nos respects, l’issue des événements, ou souffrirons-nous qu’on les précipite dans une fuite sans dignité et dans des essais de guerre civile. Voulez-vous obéir à l’Impératrice ? ou la livrerez-vous prisonnière à ses frères. » — « Non, non, » répondirent toutes les voix. — « Eh bien, suivez-moi. » L’impression avait été rapide, le mouvement fut général ; tous ces officiers conduits par mon père assurèrent Marie-Louise de leur respect et de leur obéissance. Déjoués dans leur projet, les frères de l’Empereur assurèrent qu’ils avaient été mal compris et s’excusèrent fort humblement. Trois heures après arrivait à Blois la nouvelle de l’abdication de Fontainebleau.

Mon père se félicitait, en racontant cet épisode, de la résolution dont il avait fait preuve et de l’influence qu’elle a exercée sur le cours des événements. « C’est la seule fois, disait-il en riant, que j’ai donné à l’Histoire l’occasion de prononcer mon nom. Elle n’en aura pas long à dire, mais elle ne me blâmera pas. »

L’Impératrice, en apprenant que l’Empereur avait reçu en souveraineté l’île d’Elbe, voulut savoir ce qu’elle devait penser de son nouveau séjour ; elle fit aussitôt demander madame de Brignole qui était Génoise et qui y avait séjourné quelque temps. Il n’est pas de questions