Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’aucuns demanderont peut-être en quoi consiste cet intérêt puissant dont je parle. Nombre de lecteurs, je le sais, après que leur imagination s’est amusée et rassasiée aux supplices de l’Enfer comme à la représentation d’un mélodrame en trente-quatre tableaux, trouvent plus fade la suite de la trilogie dantesque. Pour peu qu’on les presse, ils ne craindront pas de dire que le Purgatoire et le Paradis sont ennuyeux. Le genre d’intérêt qu’offre le Dante, je veux dire l’intérêt le plus irrésistible et le plus persistant, doit échapper, en effet, à une lecture superficielle. Pour l’éprouver, il ne faut pas demander à la Divine Comédie une distraction en quelque sorte sensuelle et fugitive. Il faut y chercher la pensée même qui animait le poète, en descendant avec curiosité et avec amour dans ce monde du moyen âge, au treizième siècle, déroulé tout vivant sur la trame immortelle de son poème. On sent alors que la peinture plus ou moins vive, plus ou moins admirable des souffrances et des joies de l’autre monde, n’est pas ce qui importe le plus dans cette épopée,

« AI qual han posto mano e cielo e terra »

« à laquelle le ciel et la terre ont mis la main, « a dit le poète lui-même, signifiant ainsi qu’il y faisait