Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/16

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lions. La poésie ou la raison humaine, représentée par Virgile, commence l’affranchissement de l'âme. Elle l’arrache aux passions terrestres, elle l’introduit dans le monde idéal, dans le domaine spirituel et caché de la mort ; elle l’épouvante à l’exemple des supplices étemels, elle la purifie aux étapes douloureuses du Purgatoire. La foi couronne l’œuvre de la poésie, la théologie ou la révélation des choses divines, l’œuvre de la science et de la raison humaine : Béatrice succède à Virgile. Elle achève la délivrance de l’âme en la conduisant au séjour de gloire jusque devant le profil du Très-Haut, C’est là que l’âme en peine trouve la paix cherchée de monde en monde, c’est dans cette vision qu’elle se repose et se rassasie.

Voilà le sens moral : il est beau pour l’époque, il est clair et facile à saisir, il est de plus d’une incontestable orthodoxie. On aperçoit aussi aisément le sens politique, l’épigramme terrible du Gibelin. L’Enfer, ce n’est pas seulement le monde des morts, c’est le monde des vivants, c’est l’univers en proie à l’anarchie et à tous les crimes sous la domination temporelle des papes. Le Purgatoire, c’est la transition douloureuse du désordre à l’ordre, du mal au bien. Le Paradis, où l’on voit briller l’aigle impérial et où règne le bonheur, c’est la monarchie divine, type des monarchies de la terre,