Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/17

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c’est le bonheur promis au monde sous la domination politique de César.

Mirate la dottrina che s’asconde
Sotto il velame degli versi strans !

a dit le poète. Et voilà la doctrine morale et politique qu’il enferme sous le voile brodé de ses beaux vers. Mais il n’est pas besoin pour soulever ce voile de révélations, de dictionnaire spécial, d’explications cabalistiques. Et que M. Rossetti et ses derniers disciples en prennent leur parti, il n’y a là ni hétérodoxie, ni hérésie, ni mystagogie, ni franc-maçonnerie.

Non, Dante n’est pas ce qu’ils l’ont voulu faire : ce n’est pas un sectaire, c’est un politique qui glorifie la monarchie impériale contre la suprématie temporelle des papes, qui veut séparer l’épée du bâton pastoral, gallican quatre cents ans avant Bossuet, catholique dont l’orthodoxie raisonneuse porte dans ses flancs la réforme ; mais hérétique, mais socialiste, un Patarin ou un Cathare : non pas. Rome ne s’y est pas trompée, et le religieux et regrettable Ozanam s’est conformé à la tradition de l’Église autant qu’à la vérité en montrant dans le Dante un théologien catholique. Seulement il n’a pas assez montré le politique.

Dante semblait avoir prévu et redouté pour sa