Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/18

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renommée les chercheurs de mystères, ces assembleurs de nuages. Il a écrit dans le traité De Monarchiâ le vrai commentaire de son poème, et pour que le moindre doute ne pût subsister, il en a donné la clef dans l’épitaphe même qu’il s’était préparée et qui débute par ces vers :

Jura Monarchiæ, superos, Phlegetonta, lacusque
Lustrando, cecini, voluerunt fata quousque.

« En parcourant le Ciel, l'Enfer et les eaux tranquilles du Purgatoire, j’ai chanté les droits de la Monarchie. »

Un pamphlet épique contre le pape et pour l'empereur, où le poète, dans un cadre mystique approprié à son époque, fait entrer les idées politiques par lesquelles il espère délivrer son pays, où il jette ses passions, ses ressentiments, ses haines et aussi ses tendresses, où il fait entrer la science sacrée et profane, l’histoire, les mœurs, toute la vie de son temps, voilà la Divine Comédie, Voilà son plus grand intérêt.

Mais ce temps est loin de nous, dira-t-on. Que nous importe-t-il ? Eh non, Dante est d’hier, que dis-je ! il est d’aujourd’hui. Le monde ne se transforme pas en un jour. Les droits respectifs de la religion et de la politique, de l’Église et de l’État sont-ils définis et réglés sans conteste et sans retour