Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/21

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leur verte saveur ; mais c’est à condition qu’on se placera, pour y atteindre, dans la forêt même où ils brillent d’un éclat surnaturel, au milieu des rameaux touffus et sombres, parmi beaucoup de branches mortes et de feuilles flétries.

Qu’on me pardonne de dire encore quelques mots de cette poésie. En considérant la variété inépuisable des tourments de l’Enfer et des peines du Purgatoire, on a beaucoup admiré la fécondité de l’imagination qui les a conçus. On n’a pas remarqué, en tout cas on n’a pas fait assez ressortir le caractère particulier de cette imagination qui vaut mieux que celle d’un Torquemada. Ce n’est pas une fantaisie désordonnée et richement cruelle. Une logique sévère la gouverne toujours, elle obéit à des rapports précis. Ce qui donne leur valeur et leur effet à ces supplices éternels de l’Enfer et à ces expiations temporaires du Purgatoire, c’est que chaque peine est tirée de la nature même de chaque faute ; qu’elle la rappelle par une corrélation d’analogie ou de contraste ; elle en semble le châtiment naturel et en quelque sorte nécessaire, elle devient ainsi pour l’âme souffrante comme le spectre même de ses crimes, et elle est poignante comme un remords. On a vu dans les cercles sombres les voluptueux qui ont plié au vent des passions de la terre, emportés dans un éternel orage et fouettés par le