Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/23

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qu’il y a de moins admirable dans les inventions de la Divine Comédie. Ces inventions offrent encore un autre caractère trop peu observé ; l’imagination de Dante, sans rien perdre de sa richesse et de sa force, obéit, dans le plan comme dans les détails à une symétrie presque mathématique ; il s’astreint à un parallélisme des plus curieux entre les différentes parties de son poème. Dans les corridors qui précèdent les cercles infernaux, il avait jeté la foule incapable du bien et du mal, les égoïstes, les neutres, dédaignés également par la justice et par la miséricorde divine, indignes du ciel comme de l'enfer. Parallèlement dans des espaces intermédiaires, après l’Enfer et avant le Purgatoire, qui ne s’ouvre qu’au neuvième chant, il fait errer la foule des négligents, de ceux qui ont été lents dans le repentir après avoir été tièdes dans le bien. Au commencement de son voyage, Virgile, la science, l’intelligence profane, avait apparu à Dante ; au seuil du nouveau royaume où il entre paraît Caton, la vertu païenne, que l’amour de sa liberté a égaré et poussé au suicide, parce qu’il n’a pas eu la lumière de la foi. L’ange de la pénitence accueille les ombres à la porte du Purgatoire, comme Minos les jugeait au seuil de l’Enfer. Le cône droit de la montagne expiatoire succède au cône renversé des cercles infernaux.