Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je me souviens que j’ai entrepris de faire lire Dante sans commentaire. Je laisse donc le lecteur avec le Purgatoire sans plus de réflexions, heureux si ma version fidèle continue à faciliter la lecture du texte original.

Qu’il me soit permis seulement de payer ici une double dette de ma reconnaissance. Puisque le commencement de mon travail a réussi, je dois dire que j.ai eu des grâces spéciales dans l'accomplissement même de ce travail, et en bon gibelin, comme il sied à un traducteur de Dante, je veux rendre à César ce qui appartient à César.

J’ai expliqué une notable partie de la Divine Comédie sous les yeux d’un politique qui devait entendre la parole de Dante, j’ai eu pour maître celui qui a délivré et présidé un temps Venise, l’illustre proscrit Manin. En même temps un des rares et grands poète de ce temps-ci, qui prend à cœur tout ce qui touche à la poésie comme une affaire personnelle, s’est intéressé d’une manière toute particulière et comme par privilège à cette œuvre, si faible qu’elle soit ; il l’a crue utile et il s’est plu à m’en exagérer le prix pour m’empêcher de la déserter. Si je suis aujourd’hui aux deux tiers de ma route, je le dois beaucoup à ses conseils, à ses bienveillantes et instantes exhortations. Et désormais, si j’étais tenté de m’arrêter avant de l’avoir achevée.