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LE PURGATOIRE

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CHANT PREMIER

Pour voguer désormais sur une eau plus unie,
Je relève ta voile, esquif de mon génie !
J’ai dépassé la mer au flot sombre et cruel ;

Je chante ce second royaume où, dans la peine,
De ses péchés mortels se purge l’âme humaine
Et devient digne un jour de monter jusqu’au ciel.

Qu’ici la poésie éteinte se rallume,
Saintes Muses, puisque votre enfant tient la plume,
Et qu’ici Calliope élève un peu le ton,

Accompagnant mon chant avec ces sons limpide
Qui frappèrent au cœur les tristes Piérides
Et durent leur ravir tout espoir de pardon1 !

Une douce couleur, le saphir de l’Asie
Qui se fond dans l’air pur et dont l’œil s’extasie
Jusques au premier cercle2 où commencent les cieux,

Rendit à mes regards la joie et la lumière,
Dès que je fus sorti de la morte atmosphère
Où s’étaient contristés et mon cœur et mes yeux.