Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/121

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en un feu ardent, comme l’eau, que chacun sait raviver la flamme : aussi h son approche tes rayons, à l’aide desquels je resplendis, rejailliront tout en s’élevant à ses yeux.

Combien elle est belle dans son maintien et noble dans ses gestes, et pleine d’amour ! Tant l’imagination, qui ne s’arrête pas, l’orne dans mon esprit, où je la porte ! Non que de lui-même il soit assez pur pour une chose si élevée, mais par ta vertu il a ce qui le lait oser au delà des forces que la nature lui a données. Sa beauté est le confort de ta puissance ; on peut juger de son effet immense sur (ton) digne sujet, comme (on juge) que le soleil est le signe du feu, lequel ne lui donne ni ne lui ôte de la vertu, mais le fait dans un autre lieu effectivement paraître plus efficace.

Donc, Seigneur de si noble nature, que cette noblesse qui vient ici-bas, et toute autre bonté, achève le commencement de ton élévation. Regarde ma vie, combien elle est dure, et prends-en pitié : l’ardeur que tu m’inspires pour cette beauté me fait sentir au cœur un trop grand fardeau. Fais-lui sentir, Amour, par ta douceur, le grand désir que j’ai de la voir ; ne souffre pas que sa jeunesse me conduise à la mort ; qu’elle ne sache pas encore ni combien elle me plaît, ni avec quelle force je l’aime, ni que dans ses yeux elle porte ma tranquillité !

Ce sera un grand honneur pour toi, si tu m’aides,