Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/147

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pourquoi je vous prie de vouloir bien l’entendre de moi. Je vous dirai la nouveauté du cœur, comment l’âme triste pleure en lui, et comment s’entretient avec elle un esprit qui vient par le rayon de votre étoile.

La vie de (mon) cœur dolent a coutume d’être un suave penser, qui s’en est allé maintes fois aux pieds de votre Seigneur (Dieu), où je voyais glorifier une dame, de laquelle je m’entretenais avec tant de douceur que l’âme disait : « Je m’en y veux aller. » Maintenant apparaît (un autre penser) qui le tait fuir et le domine avec une telle puissance que le cœur m’en tremble… au point que cela se voit au dehors. Celui-ci me lait regarder une dame, et dit : « Qui veut voir son salut fasse en sorte de contempler les yeux de cette dame, s’il ne craint l’angoisse des soupirs. »

Il en trouve un si contraire qu’il le détruit, l’humble penser qui avait coutume de me parler d’une Ange qui est couronnée dans le ciel ; l’âme pleure tant qu’elle pousse encore des plaintes et dit : « Oh ! malheureuse que je suis ! comment s’est enfui ce (penser) miséricordieux qui m’a consolée ! » Cette (âme) chagrine dit de mes yeux : « Quand donc arriva-t-il qu’ils virent cette dame ? et pourquoi ne me croyaient-ils pas sur elle ? Je disais bien : dans les yeux de cette (dame) doit se tenir celui (Amour) qui occit mes semblables ; et il ne m’a servi à rien