Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/167

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CANZONE VI.

La Vérité, la Générosité, et la Tempérance, ne pouvant vivre au milieu des hommes, se réfugient dans le cœur de Dante.

Trois dames sont venues autour de mon cœur, et restent en dehors, parce que en dedans siége Amour, qui est en domination de ma vie. Elles sont si belles et de tant de vertu, que le puissant Seigneur,—je (veux) dire celui qui est dans le cœur, — se sert difficilement de leurs paroles. Chacune paraît triste et effrayée, commeune personne repoussée et abattue, à qui tout le monde fait défaut et en qui la vertu et la noblesse n’ont plus de valeur. Il fut un temps, jadis, dans lequel elles furent chéries selon leur langage ; maintenant elles sont en courroux contre tous et ne se soucient (de personne). Celles-là sont venues ainsi seulettes, comme à la maison d’un ami,parce qu’elles savent bien que dedans se trouve ce que je dis.

L’une se plaint avec de nombreuses paroles ; elle se pose sur sa main, comme une rose coupée (en sa tige) ; son bras nu, appui de sa douleur, sent le rayon qui tombe de son visage. L’autre maintient cachée sa face larmoyante, dévêtue, pieds nus, et par elle-même uniquement paraissant une dame.