Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/168

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Comme Amour la vit d’abord, par son vêtement affaissé, en un endroit qu’il est beau de taire, lui, charitable et dissimulé pour elle, lui fit la demande de sa douleur. — « Oh ! qu’elle a peu à vivre, répond-elle avec une voix mêlée de soupirs, notre nature qui s’abandonne à toi ! moi, qui suis la plus triste, je suis la sœur de ta mère,… je suis la Vérité, pauvre, tu le vois, d’habits et de ceinture ! »

Après qu’elle se fut rendue évidente (connaissable) et manifeste, le chagrin et la honte s’emparèrent de mon Seigneur, et il s’informa quelles étaient les deux autres qui se tenaient avec elle. Et celle-là, qui était si prompte à pleurer, aussitôt qu’elle l’eut entendu, s’excita davantage dans sa douleur, disant : « Maintenant ne te peine-t-il point (de voir) mes yeux ? » Puis elle commença : « Comme tu dois le savoir, d’une source le Nil naît (tout) petit fleuve, là où une grande lumière fait sortir de terre la feuille de l’osier. Sous l’onde virginale j’ai engendré celle qui est à mon côté, et qui s’essuie avec ses tresses blondes. Ce beau fruit de mes entrailles, en se mirant dans la claire fontaine, a engendré celle qui est plus loin de moi. »

Les soupirs rendent Amour un peu indécis ; puis, avec des yeux humides, qui d’abord avaient été égarés, il salua les sœurs désolées. Après qu’il eut pris l’un et l’autre dard, il dit : « Relevez la tête ! voici les armes que je désirai ! Par le peu d’usage