Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/187

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flèche qui m’a frappé, aussitôt qu’elle (la Dame) eut appuyé la clef sur moi.

Alors s’accroît le désir effréné, et sans cesse et toujours, sans qu’il se dise fatigué, jusqu’à ce qu’il m’ait conduit au port (au point) qu’il se change en un amer soupir ; et avant qu’il s’éteigne, je reste blanc (pâle), à la manière d’un homme mort. Et s’il arrive que je recueille quelque réconfort en me représentant sa vue angélique (d’Elle), cela encore ne me rassure-t-il point tout à fait ; je reste plutôt dans (ma) frayeur, parce que rarement on gagne à vaincre lorsque l’on s’attriste de (sa) prise.

Noble, elle brille sur son siége orné, et domine avec un maintien digne, tel que (cela) convient à elle : puis sur (son) cœur, là tout au beau milieu, Amour se glorifie, dans le bienheureux royaume, (de ce) qu’il l’honore et la possède ; si bien que les pensers, qui ont un vague espoir, en considérant un séjour si élevé, entre eux-mêmes se rapprochent ets’entre-choquent :… et de là se dépeint la fantaisie (l’hallucination) qui me maigrit et m’énerve, en feignant (me faisant croire) qu’une chose honnête (m’est) acerbe (cruelle).

Ainsi, en moi, se rencontrent ensemble le bien et le mal : — la raison, qui veut la vérité pure, est satisfaite d’une telle fin, — et la douleur s’est changée en un sens naturel, parce que quiconque est affligé l’éprouve… et jamais elle ne se ralentit ! Et, quoique