Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CANZONE VI.

Il dépeint la puissance mortelle des regards auxquels s’est joint Amonr.

(Il) est digne de se disposer à oser, l’homme qui connaît et qui se risque, en se hasardant auprès d’une (chose), d’où— naturellement ou d’une autre manière — la frayeur peut (lui) venir. Je reprends ainsi maintenant, et veux dire que ce ne fut point pour oser si j’ai pris garde à cette créature ; que j’ai vu celui qui vint pour me frapper, parce que jamais je n’avais vu Amour, — dont on ne connaît point le cœur si on ne le sent, (et) qui semble réellement un (objet de) salut, par la vertu duquel on est créé ; puis pour frapper il part avec un dard rapide, qui se joint au doux regard.

Quand les yeux regardent la beauté et trouvent leur plaisir à exciter la pensée, ils émeuvent l’âme et le cœur, et se mirent dans leur trésor, se tenant à voir sans autre volonté : si le regard (de l’autre personne) s’y joint, incontinent dans le cœur ardent passe Amour, qui semble sortir de sa clarté (du regard).