Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/243

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l’accompagna d’un second, commençant par ce vers : a Venez entendre mes soupirs, 6 nobles cœurs,» etc., et qui n’est autre que le sonnet XVI de ce livre. — On se rappelle que ce seizième sonnet a été fait à la demande du frère de Béatrice. Les deux nobles dames, à qui Dante en envoie la copie, devaient être sinon parentes, au moins amies très-intimes de la Dame de son cœur.

Par cet agréable et doux commerce, qui provoque la communication des idées ; par cet empressement, disonsnous, que le jeune amant met à en saisir une occasion, on doit voir, ce nous semble, combien Dante était sincère et vrai dans son rôle de poëte, et combien surtout ce rôle avait pour lui d’importance.

Avec ce sonnet se termine la Vie Nouvelle. Avant de poser la plume, Dante clôt l’œuvre de sa jeunesse par quelques lignes dans lesquelles se révèle assurément le germe de la grande œuvre qu’il devait enfanter plus tard. — Nous allons encore citer la traduction de M. Delécluze : « Après avoir terminé ce sonnet, j’eus une vision extraordinaire pendant laquelle je fus témoin de choses qui me firent prendre la ferme résolution de ne plus rien dire de cette Bienheureuse (Béatrice), jusqu’à ce que je pusse parler tout à fait dignement d’elle. Et pour en venir là, j’étudie autant que je peux, comme elle le sait trèsbien. Aussi, dans le cas oii il plairait à Celui par qui toutes choses existent, que ma vie se prolongeât, j’espère dire d’elle ce qui n’a jamais encore été dit d’aucune autre ; et ensuite qu’il plaise à Celui qui est le seigneur de la