Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/285

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point de déplaisir,… d’amant moins que la canzone est une des jolies du recueil.

Cette fois l’amant-poëte revient à celle qui aurait dû remplir toujours son âme. En parlant de cette pièce, M. Ferdinando Arrivabene dit : « …Cette canzone, dans laquelle Dante fait le portrait de Béatrice ; » et c’est en effet le portrait de la jeune et chaste amante du fougueux Florentin. Ce portrait est long et détaillé avec une complaisance infinie ; mais, malgré cette longueur, ou le suit, trait par trait, avec le plus grand charme.

Tout le long de la traduction de cette pièce, nous avons fait une expérience que nous regrettons sincèrement de ne pouvoir faire faire à nos lecteurs : — Nous avions sous les yeux une excellente gravure du portrait de Béatrice, d’après le buste de Canova. A chaque vers du poëte, nous regardions le trait correspondant dans l’œuvre du sculpteur, et nous sommes resté convaincu de la ressemblance parfaite de l’un avec l’autre. Comment s’y est donc pris Canova ? avait-il cette canzone dans l’esprit en sculptant son buste ?… Quelques personnes savent qu’il avait, sinon mieux, au moins aussi bien que cela, et que « pour atteindre, comme il le dit alors, la perfection qu’il pouvait désirer, il représenta Béatrice sous les traits de madame Récamier, qui habitait Rome en ce moment. » — Voilà qui est clair, et qui doit nous prouver une chose, c’est que madame Récamier, dans la physionomie de laquelle Canova « trouva réunis, grâce, délicatesse, esprit et beauté, » devait singulièrement ressembler a Béatrice, attendu que deux choses ressemblant à une troisième,