Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/53

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SONNET VI.

Ce qui lui arrive quand il est près de sa Dame.


Tout ce qui se présente à mon esprit meurt quand j’arrive a vous contempler, ô ma douce joie ! Et quand je suis près de vous, j’entends Amour qui me dit : « Fuis, si tu ne veux périr ! »

Le visage fait connaître la couleur du cœur, qui va défaillant, quelque part qu’il se cherche un appui ; et pendant le délire de mon extrême anxiété, les pierres semblent crier : « Meurs ! meurs ! »

Elle commet un crime, celle qui me voit en cet état, de ne pas raffermir mon âme consternée, ne fut-ce qu’en montrant qu’elle prend peine de moi,

Par un peu de cette pitié que détruit votre raillerie, laquelle prend naissance dans le regard éteint de ces yeux, qui ont le désir de leur propre mort.