Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/99

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BALLADE V.

Il veut être le serviteur d’Amonr el de sa Dame.

Je ne demande, Amour, que de pouvoir me plier à ta volonté ; aussi j’aime à te suivre en tout temps, 6 mon doux Seigneur !

Et je suis en tout temps prêt à aimer cette noble Dame, que tu me fis voir subitement, Amour, un jour que son modeste visage se grava tellement dans mon esprit, en te voyant te tenir dans ses beaux yeux, que, depuis, mon cœur n’a pas voulu se délecter en autre chose, sinon qu’à se rappeler à toute heure cette vision amoureuse que j’ai eue.

Ce souvenir, Amour, me plaît tant, et je l’ai tellement dans la mémoire, que je vois sans cesse celle que j’ai vue alors ; mais je ne pourrais dire, — et cela m’afflige beaucoup, — que seule elle s’est posée dans mon esprit, et par ce moyen m’a donné la paix ; je ne pourrais (pas non plus) feire connaître ses véritables couleurs par mes paroles… Amour, — comme je le désire, — dis-le (parle) pour moi, là où je suis ton serviteur.

Je dois sans cesse, Amour, te rendre honneur, parce que tu m’as donné le désir d’obéir à cette Dame, qui a un si haut mérite.