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Page:Daveluy - Une Révolte au pays des fées, 1936.djvu/37

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les chevaliers du camp enchanté

froi. Don Quichotte, le premier, déclara, en faisant force moulinets avec son épée, « que malheur arriverait à qui oserait toucher à un seul cheveu de cette gracieuse petite femme ». Les chevaliers présents dissimulèrent leurs rires, comme à l’ordinaire, en présence de ce grand pourfendeur, à la tête un peu folle, mais au cœur généreux. Néanmoins, en quittant la tente princière, eux aussi assurèrent Jean de Clairvaillance et la belle Aube de leurs profondes sympathies. Ils offrirent les services de leurs épées. Le jeune duc avait donc pu s’éloigner, au premier commandement de la reine des Fées, sans vraiment trop d’inquiétude.

Un cri de joie éclata soudain sous la tente de la princesse. Petite Poucette venait d’apercevoir Louison et Cloclo, qui s’approchaient lentement, avec gêne, de la tente. Petite Poucette eut vite obtenu de la princesse Aube, l’autorisation de faire entrer ses amis et de les lui présenter.

La gracieuse Altesse se dit heureuse de saluer en Cloclo et en Louison, enfants canadiens, de chers compatriotes. On causa doucement. Aube se tenait étendue sur un lit de camp, recouvert de velours blanc et vieil or. Une large peau d’ours blanc était jetée sur elle. Des roses rouges, nouvellement reçues, s’y trouvaient frileusement pressées. Partout, autour de la tente, des draperies de soie jaune et d’autres élégantes fourrures, étalaient leur blancheur ou leurs tons d’or. Elle-même, la princesse, était revêtue d’une tunique de soie crème, sous une mante d’hermine. Quatre magnifiques colliers de perles brillaient à son cou et sur sa poitrine. À un de ses doigts, étincelait un énorme rubis, unique bague qui parait ses mains délicates, toujours un peu frémissantes depuis son arrivée au