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Page:Daveluy - Une Révolte au pays des fées, 1936.djvu/38

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une révolte au pays des fées

camp. Cloclo demeura bouche bée devant la beauté d’Aube. Les grands yeux mélancoliques de la princesse l’attiraient comme un aimant. Que n’aurait-elle pas tenté pour plaire à cette royale jeune femme, elle, qui n’était pourtant qu’une petite fille sans pouvoir en ces contrées extraordinaires.

Louison ne se montra pas, non plus, insensible devant tant de grâce, mais une gêne insurmontable le paralysait. Il ne savait que dire, que faire, embarrassé de ses bras, de ses mains, de ses regards, qui cherchaient où se poser. Il aurait voulu fuir, mais cela, aussi, semblait à sa timidité une impossible entreprise. Tout à coup, il sentit qu’on le poussait légèrement dans le dos. Il venait de s’appuyer sur la toile de fond de la tente. Il se retourna et vit une main posée sur la lisière. Elle tenait un pli cacheté. Il prit machinalement ce pli, puis de nouveau intimidé, le roula entre ses doigts sans le remettre à la princesse à qui il était adressé. Mais alors, à quelle secousse nerveuse ne se vit-il pas en proie ? Un invisible personnage lui passait doucement, tout le long du dos, une mince canne de bambou. Il endura stoïquement, deux secondes, cinq secondes même, ce malaise d’un nouveau genre, puis, avec un cri, il roula, pris d’irrésistible hilarité, aux pieds de la princesse stupéfaite.

Cloclo se précipita. Elle se pencha. « Louison, oh ! Louison, qu’as-tu ? Ne ris pas ainsi, de grâce, devant son Altesse. Toi, si poli ! Louison, Louison, reviens à toi ! »

Louison se calma peu à peu, puis, se relevant, rouge et fort penaud, il tendit à sa sœur le billet de l’inconnu. « Cloclo, c’est pour Son Altesse, apprit-il dans un souffle,